Pouvait-on restaurer en place le salon Mauduit ?
C’est dans un simple hangar que les salons Mauduit ont été créés en 1905. Les Nantais s’y retrouvaient pour s’adonner au patin à roulettes ou pour des réceptions diverses. Dans les années 30, une transformation remarquable de l’espace intérieur a été réalisée avec la mise en place de décors style Art Déco encore visibles aujourd’hui. Au cours de son histoire, la structure industrielle a fait l’objet d’ajout de charges permanentes et s’est détériorée. En 2002, des études techniques visant à renforcer l’acoustique des lieux décèlent la fragilité de la charpente : finesse des sections des profilés, fortes déformations des éléments métalliques, corrosion, etc. Un arrêté de fermeture de la partie ancienne est pris par le Maire de Nantes au titre de la sécurité publique. L’ensemble des experts consultés concluent que l’état et la structuration de la charpente rendent impossible toute restauration sur place : « il est inconcevable de conserver l’enveloppe du bâtiment ». Restaurer le salon Mauduit nécessite la réalisation d’une nouvelle structure. L’intérêt patrimonial du salon Mauduit repose sur la qualité de son décor intérieur, les décors intérieurs ont été protégés et retrouveront place dans le nouveau salon.
Y avait-il urgence à protéger les décors art déco ?
Des déformations évolutives importantes menaçaient le bâtiment. Les hommes de l’art dont M. Lafond, expert auprès du tribunal, ont été unanimes : « il est urgent d’effectuer dès à présent la dépose des éléments représentant un intérêt patrimonial avant que survienne la ruine incontrôlée de ce bâtiment ».
Comment s’est déroulée l’intervention des entreprises pour la dépose des décors ?
Dans un premier temps, architectes, experts en staffs, compagnons plâtrier staffeur stucateur du devoir, peintres décorateurs du patrimoine ont travaillé conjointement sur la méthodologie de protection des décors (télécharger la note de méthodologie de dépose). La mission délicate de dépose a été conduite avec soin par les compagnons des entreprises Pinard et MGP du 10 au 22 juin. Chaque élément de décor a été soigneusement déposé, référencé puis entreposé avec protections dans une caisse numérotée. Les décors de Mauduit (l’Arche de Noé, les bas-reliefs mythologiques de staff, les rampes de fer forgé, les luminaires et le buste de Mauduit) sont aujourd’hui en lieu sûr (télécharger le rapport d’intervention de l’entreprise). Des mosaïques anciennes existaient dans un troisième salon mais ont disparu de longue date.
Comment ces décors retrouveront ils place dans le nouveau salon ?
Les bas-reliefs, les luminaires et les ferronneries retrouveront place, dans une configuration similaire à l’existant, dans le nouveau salon Mauduit et sa galerie. Le laque et le buste de Mauduit s’intégreront dans le « Hall de l’Arche » qui donnera accès au salon Mauduit. Les éléments de décor art déco de ce lieu fermé depuis 2002 seront ainsi à nouveau visibles et le salon Mauduit retrouvera une activité adaptée aux usages actuels. Il permettra l’accueil de conférences, d’expositions, de spectacles, de thés dansants en maitrisant l’acoustique.
Le salon Mauduit sera-t-il en « sous-sol » ?
Non, cet espace sera de niveau avec la rue Arsène Leloup et accessible de plain-pied par tous depuis la cour du pôle associatif. L’actuelle cour Livet constituera sa toiture. Autrefois, le salon Mauduit s’ouvrait sur un parking recouvert d’enrobé ; à l’avenir, il s’ouvrira sur une cour pavée et végétalisée.
Qui est finalement l’auteur du laque de l’Arche de Noé ?
Les différents historiens qui ont écrit sur les salons Mauduit l’ont attribué à Jean Dunand, artiste de renom de la période art déco. Toutefois, le laque de « l’Arche de Noé » est une œuvre signée de Pierre Dunand (second fils de Jean) qui date des années 1945-1950, comme nous l’a indiqué Jean-Paul Dunand, petit-fils de Jean.
Comment s’est construit le projet avec les différents acteurs ?
Les habitants et les associations de quartier ont été étroitement associés au projet et ce, depuis la première des trois réunions publiques, qui s’est tenue en décembre 2011. Concertation qui a permis d’instaurer un dialogue constructif ainsi que la prise en compte des remarques des riverains. Le projet Désiré Colombe permet ainsi une préservation du patrimoine tout en intégrant les usages et contraintes d’aujourd’hui. Le permis a fait l’objet d’un avis positif de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement et d’une enquête publique à l’issue de laquelle le commissaire enquêteur, après écoute des citoyens, a remis à la collectivité un avis favorable. Le projet déclaré d’intérêt général à l’unanimité du Conseil Municipal en décembre dernier, permet un équilibre entre préservation du patrimoine, modernité et usages contemporains. Il s’est construit en lien étroit avec l’ensemble des acteurs pour apporter le meilleur équilibre entre contexte urbain, usages et Histoire.
Le mot de la fin ?
Le projet va permettre la réhabilitation et la valorisation d’ensemble patrimoniaux emblématiques : la Bourse du Travail, l’Institut Livet et le pavillon des Mutualités. Il rendra à nouveau visible le salon Mauduit. C’est un projet avec un programme ambitieux qui amènera au cœur de Nantes un jardin public aménagé en lien avec les habitants, 40% de logement social, une crèche / halte-garderie, un lieu de vie associative et le nouveau Salon Mauduit.