Dans un contexte d’évolution climatique majeure, comment concevoir un quartier nature à partir d’un site malmené ? Quelle est la place des arbres et de la végétation dans le projet Pirmil – Les Isles ? Rencontre avec Sylvnanie Grée, de l’agence de paysagistes d’ici là.
SYLVANIE GRÉE, QUELS ONT ÉTÉ VOS POSTULATS DE DÉPART POUR CONCEVOIR UN QUARTIER ATURE À PIRMIL – LES ISLES ?
Il y a un enjeu climatique majeur à prendre en compte, d’où trois postulats de départ avec, en premier lieu, le manque d’eau : à chaque fois qu’il pleut, cette eau doit être utile. Il y a ensuite la question du sol et celle de la canopée. Un espace public qui n’aurait pas assez d’ombre peut vite devenir hostile… Ces trois points conditionnent notre manière de faire le projet.
LA QUESTION DE L’ARBRE ET DE LA VÉGÉTATION EST DONC AU COEUR DU PROJET…
Oui, elle est structurelle, dimensionnante. Nous avons décidé de commencer par là en même temps que l’implantation des bâtiments. Il y a d’une part la renaturation des berges gagnées sur la Loire. Dans la région du Grand Ouest, comme partout dans le monde, on a perdu énormément de zones humides. C’est un problème pour des questions de biodiversité, de fraîcheur et de puits de carbone. Le projet permet de remettre en place 1 ha de zones humides en cœur de métropole à partir des végétaux qui vivent là. Pour constituer une canopée d’autre part, un processus est en cours pour aller récolter des graines issues du patrimoine génétique local de la région et produire des arbres. Ces arbres auront une résistance au changement climatique plus importante.
PARLEZ-NOUS DE LA QUESTION DU SOL…
Dans les projets urbains, l’habitude est d’aller chercher de la terre végétale à l’extérieur. Or la question de l’agriculture à l’échelle métropolitaine est centrale. Il faut conserver les terres végétales là où elles sont. Nous avons donc décidé de partir du sol existant, très sableux, remblayé, et de reconstituer un sol fertile. Cette manière de faire est testée dans le jardin test Transfert et dans celui de la Cale Aubin, qui préfigure le futur parc fluvial des Isles destiné à retrouver le profil naturel des berges de Loire.